top of page
Corine Pourtau

Moi, Tamara Karsavina, de Lyane Guillaume


Février 1969, Beaconsfield, près de Londres.


« Je suis vieille. Vieille et laide. »

Une femme de 84 ans est à son miroir, dans la maison de retraite où elle vit avec Émilienne, sa dame de compagnie. Elle contemple sur son visage les ravages du temps et se souvient…


Elle a été belle, autrefois. Très belle. Elle, Tamara Karsavina, l’étoile des Ballets russes au temps de leur splendeur. « La sublime, la flamboyante. La Madone byzantine. » Celle qui a été applaudie sur toutes les scènes du monde. Seule à présent, et se moquant de sa propre décrépitude, elle dévide les souvenirs, au gré d’articles de journaux, de cadeaux, d’objets conservés tout au long de son existence, et qu’elle exhume un à un.


Née en Russie en 1885, elle a connu l’exil forcé au moment de la Révolution. Elle a été mariée et mère d’un garçon, mais c’est la danse qui a constitué l’axe de toute sa vie. Son nom est associé à jamais à celui de Marius Petipa, auprès de qui elle s’est formée, au grand théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg où elle a été prima ballerina, à Diaghilev et Nijinski, à la grande époque des Ballets russes et de leur rayonnement sur l’Europe entière et au-delà.


Passé et présent de l’âge se mêlent, dans l’ouvrage extrêmement riche et documenté de Lyane Guillaume, pour retracer le fascinant parcours de la danseuse, et, avec lui, dresser un tableau chatoyant du milieu artistique du début du XXe siècle. On y apprend comment Diaghilev et sa troupe ont durablement imprimé leur marque novatrice à la danse classique. On y rencontre des grands noms de la peinture, de la musique et de la littérature, présentés sous un angle inédit. On y respire l’atmosphère des coulisses. On se régale d’anecdotes.


Et l’on salue l’extraordinaire travail de recherches de l’autrice pour nous plonger au cœur de toute cette époque.


Comments


bottom of page