Absences
Reflets mélancoliques
Les personnages de Corine Pourtau ont en eux une faille ou une blessure. Quelque chose qui ne va pas, quelque chose qui a manqué. Cela tient souvent à peu : la simple maladresse des êtres devenus trop quotidiens, un hasard trop malveillant, un accident stupide, ces riens qui séparent. Des êtres se frôlent, passent à côté les uns des autres, on commence à voir des accrocs dans la trame des jours, parfois même tout se déchire. La première nouvelle ouvre le bal des fragilités ordinaires avec l'attente déçue d'une jeune femme qui, parce qu'elle a 38 ans et qu'on est en l'an 2000, croit encore en sa part de rêve. Mais quêter l'amour, alors que la vie s'est alourdie d'habitudes et de servitudes consenties, quelle drôle d'idée. Et en faire un drame, allons donc. À défaut de fuir, audace à peine esquissée, il faut alors rentrer à la maison. Parce qu'elle sait rester fluide et douce, l'écriture de Corine Pourtau rend encore plus poignant ce renoncement. Les autres textes sont de la même eau délicate, et viennent nous conter des histoires sans aménité : celle d'Apolline, dont la vie n'est qu'un battement d'aile, celle de ce portier qui un matin de septembre enlève le léger rayon qui avait ensoleillé son ombre, celle de cet homme qui jadis a perdu — et terriblement perdu — son combat contre la vague. Lin beau voyage d'écriture, où les mots captent insidieusement les reflets mélancoliques de toutes ces Absences
Danielle Maurel — Livre et Lire n° 223
Paru aux éditions D'un Noir Si Bleu.
Ce recueil n'est plus disponible actuellement.

Ce recueil a obtenu le premier prix
de littérature CG71
et a été finaliste
du Prix
Gironde-Nouvelles écritures.